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Mon petit Louresse 1930-1935
Enlevez de l’actuel Louresse (2002) :
- la cité « de l'église »
- la cité du calvaire de part et d'autre de la rue de la Chapelle
- la cité du parc
- les « Charmilles » derrière la mairie
- 4 maisons aux caves
- 3 maisons rue de la Bournée
- 2 maisons route de Rochemenier
- 5 maisons rue de la Chapelle etc.
et vous aurez un tout petit village entouré de la campagne immédiate.
Son centre ? La « grand’route » avec la boulangerie près du calvaire, isolée tout en haut, la mairie ombragée de trois grands marronniers, avec une « bascule » sur le trottoir pour peser les charretées de foin, paille..., l'école des garçons. L'église comme aujourd'hui, l'épicerie bourrée de tant de trésors ... De l'autre côté, en haut, la Société (aujourd'hui salle des fêtes), la maison de mon grand-père Charles, le café Laurendeau, le maréchal-ferrant, l'école des filles, le monument aux morts, puis le 2e café et la boucherie, la Société « d'en bas » avec un deuxième jeu de boule de fort et tout en bas, après le parc, la couturière madame Morille, avec sa fille Odette et son fils Léon qui réparait les vélos.
Dans la « petite route », en partant de chez nous, à droite, la famille Fradin, sans enfant : Monsieur Fradin était menuisier, sa femme, Madame Fradin, couturière pour hommes (maman l'appréciait beaucoup pour réparer bordures de manches, de poches etc... des vestons de papa. Travail impeccable). Avec eux deux, mais « chez elle », la vieille mère Fradin qui allait « à la journée » faire couture et raccommodages chez les gens… Après eux, les trois charpentiers-charrons Beritault et enfin la mère Pichot qui était concierge de la société. En filant, on arrivait à « l'abreuvoir »  peuplé de grenouilles. Mais c'était déjà la pleine campagne et les talus couverts de violettes, de coucous... au printemps. Pas de maison dans la rue de la Chapelle, mais des caves en face de la vieille petite maison de l'oncle Jean Jaunault où est né papa. Puis on arrivait au « Plantis » qui comprenait la ferme et la maison de maman. Au carrefour, en filant vers Launay, le maçon Paul Bernier, puis la famille Chargé, puis la Lucazière habitée par Oger, marchand de grains, de fourrage, de chevaux... Son fils Louis était jockey dans les courses régionales. Revenons au carrefour où s’élevait une vieille croix de pierre. Tout de suite à gauche habitaient le père et la mère Brisset, des « sorciers » (!) et jamais nous ne passions devant leur maison sans fermer notre poing en glissant le pouce entre l'index et le majeur ! (geste que j'ai retrouvé dans une sculpture brésilienne  !!)
En traversant la « grand’cour » pour entrer à l'école, on passait près de chez le Père Fleury, la mère Charland qui venait ramasser du bois mort dans le parc, et René Courjaret qui guérissait les verrues avec une prière et trois brins de pariétaires qu'on accrochait à la tête de notre lit ! Puis les longs murs de monsieur Priou. En face la mère Mérand qui menait sa vache brouter sur les talus, la tenant par une corde tout en tricotant des chaussettes. Puis le père Bonnet qui trichait aux boules et s'est jeté dans son puits pour que ses voisins aient l'embêtement de le retirer ! Sa femme était appelée « le dévidoir » parce qu'elle boitait  !! Aux « caves », deux maisons seulement, dont la demi-troglodytique de la mère Chauvreau, laveuse, qui vendait des gâteaux à la sortie de la messe.

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Il y avait encore une lingère qui repassait nappes et coiffes, entre l'école des garçons et l'église : Madame Grelet. De même qu’à Rochemenier, Ambroisine dite « Boisine », savait admirablement amidonner et tuyauter les « bonnets ronds », à l'aide de brins de paille très serrés, un dessus, un dessous, avant de poser le fer.
À gauche de Madame Grelet, un cordonnier, le père Hunault, dans un atelier bien sombre. Entre lui et l'allée de l'église pas de place, pas de maison, mais le verger de la cure que dominait un grand amandier qui d'un coup, un beau matin, éclatait en une énorme gerbe de fleurs blanches. Que c'était beau  !
À l'entrée de la route de La Bournée, la famille Arsène Briand avec Denise à qui, très tôt, on apprit à jouer de l'harmonium pour la messe. Plus loin, la jolie maison toujours si bien entretenue, de madame Drouet, femme d'officier, veuve de guerre, qui avec ses lorgnons dorés et ses doigts fins, faisait de jolis « travaux à l'aiguille »  !
Il y avait encore Anna Briaudeau qui, comme la mère Fradin, allait faire des « journées de couture ».
À gauche de l'épicerie habitait Henri Métivier (père de Clotilde) qui était secrétaire de mairie. Dans la petite maison à côté, madame Isabelle était femme de chambre au château de Launay quand les De Contades étaient là, de même que Léontine Pinson qui habitait dans la « petite route », près des charpentiers et nous vendait des châtaignes.
Émile Charland, avec de grands bidons métalliques dans sa charrette à cheval, ramassait le lait pour la laiterie Renault.
N'oublions pas monsieur Laurendeau à la fois coiffeur et tonnelier. À Grenette, Tiffoine dit « Tiffouine » était tueur de cochons  !
Notons encore la grande Désirée Rebellier-Mérand si haute et si large, et si coquette  !... Et puis sa fille Augustine Courant, en face, dont le mari était le seul à travailler avec des bœufs dans le bourg. (À Launay au contraire, il n'y avait presque que des bœufs, avec un « palan », commun à toutes les fermes, pour les soulever et les ferrer.)
Puis à leur droite, la famille Richard alors en pleine énergie ! Puis avant l'entrée du parc, Marie Bourreau qui tenait lieu d'infirmière pour faire les piqûres, transportant sa seringue d'un malade à l'autre. Elle remplaçait parfois le père Béritault pour sonner la cloche, les trépassements ... mais elle ne montait pas dans le clocher pour « carillonner » baptêmes et mariages en tapant sur la cloche. Son mari Louis Bourreau était surnommé Louis-la-lune.
Car on donnait volontiers des surnoms aux gens et on s'en offusquait apparemment moins qu'aujourd'hui. Ainsi la vieille mère Leclerc, qui s'occupait du père de maman malade, était appelé la mère Vézinette (elle est restée dans la maison du Plantis jusqu'à sa mort). Et je me rappelle avoir salué, le plus respectueusement du monde, d'un « Bonjour Monsieur l'Avocat » un certain petit père Guillemet dont j'ignorais totalement qu'il s'appelait Guillemet. Il y avait encore une laveuse, la mère Maugin qui lavait chez elle le linge des commis. Il n'y avait pas de garage à Louresse, où l'on ne comptait que quelques autos. N'oublions pas bien sûr le commerce des vaches Priou et des chevaux Breton. Le village était très vivant, le reste de la population étant des agriculteurs. Mais le « haut » du bourg ne s'entendait guère avec le « bas »  !! D'où : 2 cafés, 2 sociétés, et du temps de grand-mère Lucie 2 épiceries  !!

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