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Les rogations.
Pendant les 3 jours qui précèdent l'Ascension, l'église
implorait le Seigneur pour obtenir de bonnes récoltes.
Cétaient les « Rogations »
qui se passaient sous forme de processions à travers la
campagne : le lundi à Launay, le mardi à La
Bournée, le mercredi au Pont-de-Varannes.
Soleil, pluie ou vent... nous partions de bonne heure nous, essentiellement
les femmes et les filles de l'école libre, avec Monsieur
le Curé accompagné de un ou deux enfants de choeur
qui ce jour-là dérogeaient aux obligations de l'école
républicaine ! J'ai dû « faire les
Rogations » au moins 3 fois à 7,8 et 9 ans.
Ensuite, étant à l'école laïque, je
ne pouvais plus ! ... Nos petites jambes marchaient
bien, et nous chantions, et récitions le chapelet, et nous
arrivions à la chapelle du château de Launay, affamées
déjà car il fallait partir à jeun pour pouvoir
communier à la messe ! La chapelle me semblait bien
jolie, mais la messe un peu longue quand même... Avec quel
appétit nous nous jetions sur les grands bols de chocolat
(ô luxe !), ou la soupe (!), et les tartines, qu'on
nous servait ensuite dans la cuisine du château !
C'était la fête après l'effort. Et le château
était encore bien beau, joliment fleuri... Le retour se
faisait allègrement, en bavardant, en riant, en jouant...
C'était la fête vraiment : pas d'école
ce matin-là !
Le lendemain mardi il fallait encore se lever à 6h. Et
partir dans la fraîcheur vers La Bournée, l'estomac
vide. Et c'était dans la joie, dans la beauté du
matin, dans les parfums de la terre, de l'herbe, des acacias...
dans les chants des oiseaux qui jaillissaient de partout. Messe
dans la mini-chapelle de nos ancêtres Courjaret. Petit déjeuner
copieux, joyeux, et indispensable pour marcher les 3 km du retour.
Mercredi, c'était la « longue marche »
jusqu'au château du Pont-de-Varannes. Salut, église
de Rochemenier ! Salut, façade des ruines Sainte
Madeleine et Saint Jean au beau milieu des champs ! Salut
enfin, petit château si joli, si bien entretenu
chaleureusement
habité. La mignonne chapelle me rappelait (pourquoi ?)
les « 3 messes basses » de Daudet... peut-être
parce que, comme Garrigou, le petit clerc, j'avais très
envie de me retrouver à la cuisine devant un succulent
déjeuner ! Oui, j'aimais bien les Rogations !!
Le jour de la « Saint Marc », une nouvelle
procession avait lieu dans la campagne, également pour
appeler la bénédiction de Dieu sur les champs. Mais
(c'est curieux !) je ne m'en souviens pas du tout.
Le 15 août, autre procession, cette fois-ci vers le calvaire.
Elle avait lieu aux vêpres, je crois, mais je ne me la rappelle
guère...
Les grandes et fastueuses processions étaient évidemment
celles des deux dimanches de la Fête-Dieu. Là, c'était
tout Louresse qui se mettait en branle. Le premier dimanche, les
hommes dressaient le « reposoir » au carrefour
de la route de Launay où il y avait alors une ancienne
croix de pierre. Le 2e dimanche c'était dans le parc