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Le lundi de Pâques.
Pour nous, enfants, Pâques était aussi la plus grande fête à cause… du « Lundi de Pâques » : c'était la fête foraine à Doué, vers laquelle nous avions vu les « roulottes » monter depuis quelques jours.
Le Lundi de Pâques  ! On s’en réjouissait des semaines à l'avance  ! On se demandait quel manège serait là, quels nouveaux s’y ajouteraient, quelles surprises en tirs, tombolas  ?... Combien d'argent nous donnerait maman  ? Est-ce qu’Argoulon nous en donnerait aussi ? Combien en sortirions-nous de nos tirelires ?? La fête religieuse, c'était bien. Mais celle-ci !!
En fait, la foire commençait dès le dimanche. Mais pas question d'aller sur le champ de foire au lieu d'aller au vêpres de Pâques  !... Elle reprenait dès le lundi matin, mais c'était jour de marché pour papa, un marché important ce jour-là. Pas question qu'il nous emmène le matin. Mais après déjeuner, c’est promis, il viendra nous chercher à 2h.
Déjeuner vite expédié. Impatience pour s'habiller « Maman qu'est-ce que je mets ? ». Chaussettes blanches et souliers vernis. C’est la fête  ! même s'il pleut, même si un vent froid souffle... L'ennui, c'est que lorsque papa « est en affaire » avec un client, lorsqu'il vend un cheval, plus rien ne compte, il ne voit plus le temps passer. Oh ! Comme nous avons attendu  ! Comme les quarts d'heure étaient longs ! « Papa ! viens vite ! » - Ne vous salissez pas, disait maman, déjà fatiguée... Enfin papa arrivait et nous plongions jusqu'au soir dans l'éblouissement de la foire.
Cela aussi était la joie de Pâques ... après le Carême  !

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