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La religion.
Même à Louresse, les enfants de choeur (soutane rouge
et aube de dentelle blanche) étaient nombreux, surtout
sous Monsieur le Curé Nicolas qui les menait d'une main
ferme !
Bernard, pendant 2 ou 3 ans, fut (de 9 à 11 ans) « chef
des enfants de chur ». Equipé d'une soutane
violette et d'un « claquoir » en bois, il
faisait évoluer le jeune bataillon de soutanes rouges (mais
moi, j'étais partie en pension...).
N.B. Monsieur Joseph Nicolas qui voulait une église moderne
et n'aimait pas prêcher en chaire, fit démonter et
brûler la chaire qui était jolie mais qu'il trouvait
gênante... Il préférait parler devant lautel.
De même il se débarrassa de tous les vieux livres
de piété et de prédication (Bossuet, Fénelon)
reliés en cuir, qui, à son avis encombraient le
presbytère.
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La religion. Angélus - messe - Noël
- Carnaval ...
« Dès le sein de ma mère, tu es mon Dieu »
dit le psalmiste. Je crois que je peux dire la même chose,
ou bien, plus trivialement avec Obélix, que « je
suis tombée dans la marmite » à ma naissance.
La religion rythmait toute notre vie :
Nos journées, par l'Angélus : je ne sais pas
si beaucoup priaient l'Angélus, mais les gens n'ayant pas
de montre (c'était très cher) se référaient
à la pendule de l'église et à la sonnerie
de l'Angélus au long de la journée, Angélus
sonné très scrupuleusement à 7 h, à
12 h, et à 19h... par Monsieur Beritault. Et quand on entendait
sonner la cloche à une heure incongrue : « Tiens ?
se disait-on. Sûrement un décès. Qui ? »
C'était un « trépassement ».
Nos semaines, par la messe dominicale et les vêpres. Pas
de messe le samedi soir, ah non ! Mais le dimanche une petite
« messe basse » à 7 h (où
on pouvait communier) et la grandmesse de 10 h, chantée,
en latin évidemment, où la communion n'était
pas proposée parce qu'il fallait être totalement
à jeun depuis minuit, « n'avoir rien bu, ni
rien mangé », pas même une goutte d'eau
! Et on ne manquait pas les vêpres « à
2h », suivies de la bénédiction du Saint
Sacrement et... du chapelet !
Quant à nos années, elles étaient rythmées
par les grandes fêtes. L'année scolaire, l'année
civile, les travaux
tout suivait l'année liturgique.
Les vacances scolaires étaient bien des vacances de Toussaint
(3 jours), de Noël (10 jours), de Carnaval (3 jours), de
Pâques (10 jours) et de Pentecôte (3 jours), et nous
savions à quoi correspondait ces fêtes et pourquoi
nous avions congé (beaucoup aujourd'hui l'ignorent !...)
Pâques était plus tôt ? plus tard ?
Peu importe. C'était Pâques. Repères infaillibles.
Noël était ma grande et joyeuse fête, et pendant
l'Avent on nous demandait efforts et sacrifices pour « préparer
notre cur ». Du 25 décembre au 2 février,
la prière du soir avec maman avait lieu devant la crèche,
soigneusement préparée, joyeusement fleurie, éclairée
d'une mini-bougie, habitée même par un chameau (!)
qui arrivait le 6 janvier avec les mages. La prière du
soir était sacrée. On la faisait avec sérieux,
avec un « examen de conscience » pour voir
si la journée avait été bonne, si on avait
été assez généreux en « petits
sacrifices » (= en efforts pour être aimables,
rendre service ...) La crèche et les jouets, oui,
faisaient de Noël une vraie fête qu'on attendait impatiemment.
Mais Pâques était encore une bien plus grande fête !
Parce qu'avant la joie de Pâques, il y avait le Carême,
les 40 longs jours de Carême, pendant lesquelles nous n'avions
l'autorisation de manger ni un bonbon ni un gâteau, et le
devoir moral de faire beaucoup d'efforts. Comme mon anniversaire
(18 mars) tombait toujours « comme mars en Carême »,
maman reportait le gâteau au dimanche suivant. Pas de gâteau
d'anniversaire un jour de Carême !
Heureusement, avant le Carême, il y avait Carnaval !
Là on pouvait rire et s'empiffrer de beignets aux pommes,
de « fredaines », de « pets de
nonne » tout ronds, toutes ces pâtisseries délicieuses
qui ne nécessitent pas de four. Il y en avait pour tout
le monde, aussi bien pour les commis qui ce jour-là pouvaient
prendre le temps de se déguiser, avec les autres jeunes
de Louresse.
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