La cote 304
En 1916 c'est la bataille de Verdun. La cote 304 (nommée ainsi à cause de son altitude) est une colline située sur la commune d'Esnes-en-Argonne à une dizaine de kilomètres au nord-ouest de Verdun. Il est important pour les armées françaises et allemandes d'occuper cette hauteur pour y placer leur artillerie. La bataille pour conquérir et tenir cette position est une des plus sanglantes de la guerre. Le déluge d'obus est tel que les tranchées sont laminées. Les combats durent plusieurs mois, dans des conditions inhumaines. Plus de 10 000 soldats français et probablement autant de soldats allemands y laissent leur vie.
Des Louressois participent à la bataille. Ils sont durement éprouvés.
BAUNEAU Albert, tué BRETON Emile, prisonnier DELAVEAU Gustave, tué FRADIN Marcel, prisonnier PAIN Alexandre, tué RENAULT Louis Alexandre, blessé. Il mourra plus tard, chez lui, des suites de ses blessures.
Le régiment d'Emile BRETON, le 68e d'Infanterie, est engagé à la cote 304. Emile est cité à l'ordre du corps d'armée n°190 du 28 Avril 1916 : "Mitrailleur plein de courage, de calme et d'énergie. Après un bombardement de plusieurs jours n'a pas hésité à placer sa pièce sur le parapet et a ainsi réussi à enrayer une attaque ennemie le 23 Avril 1916. Décoration : Croix de Guerre".
Le 4 Mai un obus tombe sur son poste de mitrailleur. Emile est à moitié assommé et enseveli*. Il aperçoit un soldat allemand qui court vers lui une pelle à la main. Emile ne peut pas bouger. Il pense : "Il vient pour m'achever !". Emile croit qu'il va mourir, mais le destin en décide autrement. Les soldats allemands avaient l'ordre de ramener le plus possible de prisonniers. A cause des millions d'hommes mobilisés en Allemagne, l'économie allemande tournait au ralenti. Il fallait de la main-d'oeuvre pour les remplacer. C'est ainsi qu'Emile fut déterré, soigné puis envoyé au camp de prisonniers de Giessen, près de Francfort.
* transmis oralement par ses enfants.