Prisonnier à Giessen

Emile BRETON est resté prisonnier du 5 Mai 1916 au 23 Novembre 1918. Plus de deux ans et demi ! Il a été interné au camp de Giessen, où il travaillait dans une scierie. Le camp de Giessen était un énorme camp de prisonniers : 26 000 prisonniers dont 20 000 Français. Les témoignages d'anciens prisonniers publiés sur Internet sont contradictoires. Selon certains, les conditions étaient correctes. Selon d'autres, elles étaient très mauvaises. Les inspections faites par des pays neutres ou des organismes internationaux comme la Croix Rouge ont probablement adouci la situation. Il est probable cependant que plus la fin de la guerre approchait plus la situation devenait mauvaise. L'Allemagne avait du mal à nourrir ses propres soldats et sa population civile. Alors pourquoi privilégier les prisonniers ?

Madeleine RAIMBAULT-BRETON, sa fille, a noté des souvenirs évoqués par son père : "Affamé, il (Emile BRETON) mangeait du chien, des betteraves. Les prisonniers se battaient pour un os. Pour un vol d'un peu de pain ils étaient condamnés au "poteau" (on les faisait monter sur un tas de pavés au pied d'un poteau, on les ficelait au poteau et on retirait les pavés sous leurs pieds. Ils restaient ainsi longtemps, les pieds dans le vide, les membres douloureusement sciés par les liens), ou bien à la "poutre" aigüe sur laquelle ils devaient rester à cheval sans appui, les mains liées derrière le dos... une véritable torture ! Bientôt, mesurant 1,82 m, il ne pesait plus que 60 kg.

Il est rapatrié le 23 Novembre 1918. On le renvoie chez lui pour se remettre et se reposer. Mais il n'en a pas fini pour autant avec l'armée. On l'intègre au 135e Régiment d'Infanterie (Angers) le 14 Janvier 1919. Il est enfin démobilisé le 19 Septembre 1919. De retour à la vie civile il reprend son métier de marchand de chevaux. Il se marie en 1921. Il est élu maire de la commune de Louresse-Rochemenier de 1953 à 1971.

Emile BRETON qui avait la parole et la plume faciles n'a jamais, à ma connaissance, rédigé son journal de guerre. Les témoignages qui figurent ici sont des témoignages de seconde main, relatés par ses enfants. On peut le comprendre. La période de la guerre a été un cauchemar. Raconter un cauchemar c'est le revivre... un peu.

Giessen. Vue générale du camp de prisonniers.

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