VIEUX PARLER LOURESSOIS, VERS 1900

Expressions relevées par Marguerite BRETON-BONVALET (1903-1990), l'épouse de Emile BRETON. C’est son arrière-grand-mère Anne COURJARET-HETREAU (1830-1919), l'épouse de Benjamin Auguste COURJARET (1823-1883), qui lui parle. Marguerite BRETON-BONVALET était la fille unique d'agriculteurs propriétaires. Elle a pu faire des études aux Cours Dacier à Saumur, ce qui était rare à cette époque. Sa curiosité d'esprit l'a incitée à noter ces expressions paysannes, tellement différentes du langage de ses camarades de lycée.

Anne COURJARET-HETREAU Marguerite BRETON-BONVALET

 
C’est les filles de la Membrolle
Qu’ont un doux son dans la voix
On dirait que c'est des groles (= corbeaux)
En train d'écaler des noix. (=enlever la coque verte des noix).
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J’ai vu dire (= j’ai ouï dire).
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P’têt’ ben = vanqué ben (=c’est bien possible).
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Tue la rousine (=éteins la chandelle de résine).
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Tu m’enrousines (=tu m’embêtes).
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Ça sent un bon goût !
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A vieusit : a va à la baissette (=elle vieillit, elle marche courbée).
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Ces filles-là ont une tapette ! (=sont bavardes).
A longueur du jour, a jacassent comme des pies borgnes ! (=elles causent).
Toutes, des Marie-pétasses ! (=de fieffées bavardes).
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C’est pas rien qu’elle ! C’est « Mlle Pisse trois Gouttes » (=femme sèche et hautaine).
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Quelle robe ! Je n’aime pas cette manière que t’as de t’affuter comme ça ! (=t’habiller).
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Range tes affutiaux ! (=vêtements).
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Du pain, de l’ail et deux ou trois noix. Pas b’soin de vin si y a une pomme !
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Les bourrées, c’est pour chauffer le four et pour cuire les augées des gorins et des bodins. (=les fagots d’épine, c’est pour chauffer le four et pour cuire le contenu de l’auge des porcs et des veaux).
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Quand on est jeune, on est tout le monde pareil : on pense qu’ça durera toujou ! (=on pense la même chose).
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T’as pas fini d’jaboter ? (=parler sans arrêt).
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Tu m’lasses avec ta tapette. (=bavardage).
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Viens donc voir la mère gorine (=truie) qu’a 10 petits gorets tout roses ! (=porcelets).
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Au mitan (=milieu) de l’hiver, mon bonhomme part faire des bourrées (=fagots) d’ajonc. Pour son midi, il emporte dans son bissac (=sac en toile accroché à l’épaule) un quignon (=morceau) d’pain, avec un niron d’graisse (=nid rond=trou creusé dans la mie, rempli de saindoux).
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Pour laver les grosses culottes où qu’ y a d’la bouse, faut pas faire que d’les tatouiller (=faire faire deux ou trois pirouettes dans l’eau), faut les taper au batoué (=battoir).
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Mange ton pain ! Faut pas manger du fricot (=de la viande) tout seul. C’est pas beau !
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Faut point fréquenter ces gens-là. Ils aiment trop l’fricot et la goutte (=la bonne chair et l’alcool). Et pis après, i-z-ont pus l’sou.
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Mange pas tout l’gâteau ! Laiss’en deux ou trois mions (=deux ou trois bouchées) pour ton p’tit frère.
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Y en a des rats dans l’guernier ! I-z-ont mioné (=émietté) toute la paille.
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J’aime causer avec c’te gamine : al est polie et bien avisée (=astucieuse, éveillée).
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Al est à manière (=elle fait des manières), quasiment (= à peu près) tout comme sa mère.
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I veut pas manger sa soupe : il aime qu’les licheries (=friandises).
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Il a mis un grillage : ça dépare (=enlaidit) sa maison. C’est ben d’mage… (=bien dommage).
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A voit s’ment pas (=seulement pas) c’qui s’passe chez elle : al a la berlue (=forte myopie).
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A s’vieillit, ma vouésine (=voisine) : al est pus guère subtile (=habile, souple, allante).
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Fallait pas t’acheter des gadrelles (=chaussures) comme ça : t’as mine de rin du toutt’ ! (=tu n’as aucune allure).
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R’garde un peu l’gars qui crie et se dépite (=gesticuler de colère) comme un diable.
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Dans l’temps chaud, il fait bon d’aller prendre une goulée (=gorgée) d’eau fraîche au douit (=petite source ras le sol).
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Son homme veut pus i donner d’l’argent : a court trop la prétentaine (=elle est toujours dehors) au lieu d’s’occuper de ses gosses qui font que d’piailler (=crier, se chamailler) et pigner (=pleurer,
pleurnicher).
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Al est pignouse (=pleurnicharde), c’te petiote, toujou à pleurnicher dans les jupons d’sa mère !
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C’te femme a toujou des pétounées d’gamins à ses trousses (=plein d’enfants à courir autour d’elle).
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Çui là, i jouque (=grimpe, se perche) jusque dans son cerisier pour r’nifler (=flairer, connaître) ce qui s’passe dans la cour des autres. C’est une sale langue avec ça (=en plus) !
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Hier i f’sait chaud ! A la marienne (=sieste), j’avais la véderle (=épuisement). A matin, c’est ben mieux : y a du hâle (=il y a une petite brise).
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Ça a point d’argent, c’monde-là. Et pourtant, ah oui ! Ça fait dans le grand… (=ils jouent aux riches).
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As-tu au moins mis une souille (=enveloppe, taie) propre à l’oreiller ?
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Les filles sont ben aises (=contentes) : a vont à la noce avec leurs biaux atours (=beaux vêtements) et leurs bonnets ronds (=coiffes) que Boisine leur a tuyautés (=amidonnés avec des pailles). A trouv’ront p’têt’ un galant (=amoureux). Mais vrai, la Jeanneton, al est trop ch’ti (=chétive, menue) pour ses 15 ans.
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Al a pétouné ses taures qu’étaient dans l’dommage (=elle a couru après ses vaches qui faisaient des dégâts dans un champ voisin).
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C’te pauv’femme, al en a eu des ennuis avec son vouésin ! I en a fallu des pétounées (=des démarches) pour en sortir !
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J’ai trop bêché : j’suis tout achalé (=accablé de chaleur).
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M’ennuie pas ou j’te donne une flaupée (=une gifle).
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Les deux soulots (=ivrognes, saouls) se lançaient une bordée d’injures !
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Attends, j’vas t’faire une bonne beurrée d’rillettes (=tartine de rillettes), pis va qu’ri (=chercher) un brin de cives (=oignon vert spécial pour civets) dans l’jardin : c’est bon avec !
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Ces garnements-là ont fait des saloperies (=saletés) : i-z-ont beurré tout le mur de bouse !
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Le tonnelier va v’ni demain : y a des busses (=barriques) et des quarts (=grandes barriques, tonnes) à réparer, des douelles (=planches arrondies, courbées pour les barriques) et des cercles à remplacer. Heureusement qu’on a de la bonne prêle. (Les cercles pour tenir les douelles sont fermés par des liens de prêle : osier planté en « bouillées » à la tête des champs de vigne. Les brins gardés au frais toute l’année, sont fendus et aplatis pour servir de liens).
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Pour les vendanges, on se sert de seaux, de hottes (=pour un homme) ou portouères (=pour deux hommes), de cuards (=cuveaux) et subouts (=tonneaux debout dont un bout est ouvert) tout en bois. C’est gai, les vendanges ! On chante ! Mais gare à la bernache (=vin doux, juste pressé) qui donne la courante (=colique) !
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Des rousines (de résine) puis des chandelles (de suif) sont posées dans la cheminée ou au-dessus (pas sur la table) car on se réunit autour du feu pour travailler (paniers, brosses, tricot, broderies…) lire, ou conter…
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Sa grand-mère lui a broché (=tricoté) des bonnes chausses d’ouaille (=des bas en laine naturelle) pour l’école.
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Mon gars a braillé (=pleuré) à l’école : son maît’ y a tapé sur les ouinses (=articulations des doigts) avec la gaule (=grande baguette).
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T’as frêt’ ? J’vas r’mettre du feu dans ta marmotte (=chaufferette). Et pis prends tes mitaines (=gants sans doigts) : t’as les mains gourdes (=raidies par le froid).
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Vins don d’main avec ton homme ! C’est l’jour du gorin (=on tue le cochon), mais l’tueu (=le tueur) l’a trop laissé couiner (=crier) : le lard en s’ra point si bon.
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Qu’on qu’vous faites là, à la brune ? J’causons. (=quoi donc que vous faites-là à la tombée de la nuit ?).
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V’là l’soulé (=soleil) : prends ton croc (=fourche) et va virer les bulons (faner, retourner le foin déjà ratissé). Demain on f’ra les veilloches (=petits tas de foin dans les champs, arrondis pour que la pluie glisse). Tu s’ras ben aise après, d’aller au pâtelis (=mener les vaches pâturer).
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Pour les métives (=moissons), on prend la faux et la pierre à aiguiser dans son couillé (=étui plein d’eau, parfois une corne de bœuf accrochée à la ceinture).
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On serre les gerbes avec de bons liens de vrillette, on les met d’bout en terzeaux (=tas de 13 gerbes dressées). Surtout pas oublier dans le bissac (=sac de toile du paysan), le baril (=petit fût de vin en bois, pour boire « à la régalade », ni la bijane (=cubes de pain dans du vin sucré frais).
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Ta culotte tombe. Resserre don ta ceinture un p’tit quin (=un peu).
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L’été faut aller gruger (=effeuiller) des branches d’ormeau pour les gorins (=cochons). C’est qui z aiment ça !
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T’as boutonné to pan’tot (=veste) haut-et-bas, en sinsenverse (=erreur de boutonnières).
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T’entends, sors pas comme ça en galinette (ou le cul à l’air) (=en chemise). I fait une frèt’ de voleur (ou du diable) (=grand froid) !
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Le laisser s’engager… pardi (=par Dieu, en vérité)… c’est i pas l’mieux ?
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I sont point mouvants (=pas en forme), mes canards. I braillont, I chiassont, I cuervont (=ils crient, ont la « chiasse » et crèvent). Y a trop de galerne (vent froid) dans c’te grand’cour.
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C’est demain la Bonne Dame (=15 août). J’pouille un sarreau propre à mon fieu (=j’enfile une blouse propre à mon fils). I portera des prunes à Mr le Curé avant d’aller à confesse.
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L’hiver, au coin du feu, avec les voésins, une routie (ou soupine) (=petites bouchées de pain grillé dans du vin chaud sucré) avec des marrons grêlés (=grillés sur la flamme dans une poêle à trous) ou des ferdaines (=fredaines, beignets) de Carnaval, ça fait une bonne veillée. On cause…
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V’là l’soulé bas (=le soleil qui baisse) à c’t’heure. Faut rentrer les vaches.
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La p’tite pironnière (=gardeuse d’oies, elle emmène les oies manger les épis perdus après la moisson) est dans l’chaume à glaner avec la jars et les pirons.
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Faut ménager (=économiser) l’eau. Le puits a baissé. Croche ben l’chabut (=crochet pour le seau). Tire z en deux bonnes seillées (contenu du seau) pour le timbre (=bassin où les animaux boivent) : les bodins (=veaux) tirent la langue et braillent (=crient et réclament).
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Quand a fait cuire (=quand elle allume le four à pain), a met toujou pour moué une petite fouace à la goule (=à l’entrée) du four. C’est bon ! J’aime ben aussi la beurrée de grillonnée (=tartine de rillettes) ou d’vin cuit (=confiture à base de vin).
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Avant d’tirer (=traire) la vache, prends une corde dans la boulite de l’écurie (=lucarne au bout de l’écurie) pour attacher la taure (=jeune vache) qui vire souventes fois la tirouée (=renverse souvent le seau de traite). Rince ben le couloué (=tamis) avant de passer le lait.
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Quand tu t’en vas, pousse la courille (=barrière) du jardin et mets la clef de la cave dans la tirette (tiroir).
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As-tu battu tes pois au fl’au (=fléau) ou au rouleau ? Le tire-bouses (=petit commis) t’a-t-i ben aidé ?
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J’vas avouère du mal pour les vendanges : l’mait’ d’école a dit qu’i faut qu’ma drauillère (=fille) aille à l’école. C’est comme ça au jour d’anuit (=aujourd’hui). C’est pus comme dans l’temps (=autrefois).
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Ta cave est fraîche mais ta courdouère (=pente qui relie cave et cour) est dure à monter.
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Avant d’monter dans la carriole (=charrette pour la promenade) va don aux commodités (=W.C.).
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Casse : plat en terre épaisse, rectangulaire, pour cuire viande ou fruits dans le four à pain. Casse d’eau ou cassée : flaque d’eau sur un chemin.
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Moine : bouillotte faite d’une tige de fer chauffé au feu et enfilé dans un étui en bois. Un moine est aussi une toupie en bois lancée avec une ficelle.
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J’ai marché si vite que j’ai arrivé à la messe toute bâfée (=toute essoufflée).
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T’as mis un rideau à la croisée (=fenêtre) : m’est avis (=je trouve que …) que c’est mieux.
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R’garde les pesses (=moineaux) qui mangent le grain des poules. Y a aussi des p’tits verriers (=petits serins), une grole (=corbeau) et une quiacasse (=pie). Celle-là c’est une voleuse : a cherche les œufs frais ponds (=pondus) pour les manger. Tu f’ras ben d’y prendre garde dans l’joucailler (=poulailler).
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Le pauv’vieux traîne et c’est pus qu’une coeurée (=une loque écoeurante).
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Et c’te vieille grand-mère fait rin que pétouner (=courir les rues du village) et pétasser (=bavarder) toute la journée : une vraie Marie-pétasse !
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Tais-toi ! T’as pas bientôt fini d’jaboter (=parler sans arrêt) ?
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Qué d’neuf à nuit ? (=quoi de neuf aujourd’hui).
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Ben, à c’theure, v’là la pié (=pluie) ! J’vas ben vite qu’ri (=chercher) les draps qu’javons mis au souleil.
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Porte ton souiller chez l’buif (=ta chaussure chez le cordonnier), i te l’rabillera (=réparera) ben encore avec du lignon (=gros fil pour coudre le cuir).
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A tousse toujours : a va s’en aller d’la pouétrine (ou « de la caisse ») (=mourir de la tuberculose) tout comme sa défunte mère.
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Vas-tu pas bentôt t’amener (=venir, arriver) ? J’sommes d’jà en r’tard, oui ?
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Derrière la barge (=tas de bois), les gars ont trouvé une poule-couasse (=poule qui couve), avec 10 œufs couis (=tournés) ou béchés (=fendus par le bec du poussin) ou piaulards (=on entend pépier dedans).
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As-tu mis de l’iau dans le cracot (=vieux plat craqué, fêlé) des poules ? A vont monter à jouque à c’heure (=se percher dans le poulailler pour la nuit).
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C’est-i mignon ! Vins don vouère ma bonne guéronée (ou berg’rie) (=nichée) de 10 p’tits lapins !
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Mets donc ton palanquin (=veste légère et chaude réservée aux sorties et dimanches) pour aller au notaire.
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J’vas adveni à pus pouvoir manger (=je vais finir par ne plus…).
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T’es en nage (=en sueur). Sors pas dans l’vent. Ça t’f’rait un mauvais chaud-rfrédi (=chaud-refroidi, bronchite). Attends d’être sirchâlé (=attends que la sueur soit évaporée).
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Avec c’te mode, les femmes au jour d’aujourd’hui sont abractées (ou emmanchées) (=habillées) n’importe comment.
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T’es emmanché comme 4 sous (=habillé sans soin). J’ai honte de toué.
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I pieu c’matin : sors pas dégargouillé comme ça (=sans rien autour du cou).
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T’as point école à nuit ? Ben, va don qu’ri la bérouette (=chercher la brouette) : la roue clopine (=a du jeu), tu vas y mettre deux clous.
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Ben, à c’t’heure, prends un chérouet (=une petite charrette) et va ramasser l’herbe aux lapins : panelle, jottes, guêtrons, bouillées (=pieds de) de panseau (=coquelicot) et de vrillée, mais surtout pas d’ramberges : i cuervraient (crèveraient) !
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Pour mettre ton fricot (=viande en sauce, ragoût) au feu, va don brustiller (=brustilles : brins de bois fins et secs au pied des tas de fagots) tout contr’la barge. Ça f’ra prendre les coupeaux.
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Si son gars est parti, la mère va se morfondre ! (=fondre de chagrin jusqu’à mourir).
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Vois-tu point ces deux drôles (=enfants) qui sont mussés dans l’foussé ? (=cachés dans le fossé).
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Son gars est parti soldat ben loin, par chez les Prussiens… Al est tout’dolente (=perdue dans sa douleur), a va s’laisser mouri.
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L’dessert ? non. J’en mange si faut, mais j’cours point après.
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R’garde-la tirer sur ses talons (=marcher très droite) ! Mazette ! C’est pas rin qu’elle.
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Tout l’long du cheminer, a font que d’jaspiner (=dire du mal de…) su les uns et les autres.
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Sûr ! le mariage s’ra pour l’an qui vient.
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T’es avantageuse : tu fais tout en un tourne-main (=en un rien de temps) ! Dans ce bas-monde, faut point être craint-peine (=craindre sa peine). Ta p’tite sœur aussi est ben faisante et ben causante (=active et sociable).
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Cte vieille est point trop honnête : al est d’un bon ramas (=elle aime chiper fruits, légumes…des voisins) : tout i est bon à prendre, chez les autres.
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Faut voir, à 12 ans, comme c’te mauviette (=gamine) est dolente (=molle, paresseuse) : al aime que lire !
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Al est toujours par voies et par chemins. A traîne…
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Il a fini l’régiment (=service militaire). Sa mère en est toute jouasse (=heureuse, émoustillée de joie).
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L’an passé, ta bonne amie t’a laissé tomber et, la semaine qui vient, tu te maries avec Jeanneton… C’est ben mon gars ! T’as pas perdu au change, c’est sûr.
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Toute la nuit , y a eu des ouzées (=giboulées) avec un vent qui glapit (=grand vent froid qui hurle sous les portes). Ça tombait à crabat ! (=forte pluie).
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S’acrabasser (=se tapir, se faire tout petit).
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La pié chet-elle ? (=la pluie tombe-t-elle ?).
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Qu’on qu’al a, qu’a crie ? (=qu’a-t-elle donc pour crier ?). Al a qu’al a chu ! (=elle a qu’elle est tombée).
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Les épiaux de choux verts sont les asperges des paysans. (=On coupe la tête des choux pour les animaux. A l’aisselle des feuilles se forment de fines pousses tendres, qu’on assaisonne de beurre, de crème ou de vinaigre).
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Comptine en balançant les poupons sur les genoux :
« Sassons, balançons
De l’avoine pour les p’tits pirons
Le grand jars n’en aura pas
Parce qu’il a le cou trop long ! »
En les faisant sauter de + et + vite :
« Quand les dames vont à Paris,
Montées sur leurs petits ch’vaux gris
Elles vont… le pas, le pas, le pas
Le trot, le trot, le trot,
Le galop, le galop, le galop ! »
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I z ont eu ben raison d’gager (=embaucher) Ugénie. Al est forte et sérieuse, al a point de désamain en rin (=elle est adroite en tout). C’est une fameuse chambérière (=aide, servante) aussi ben aux champs qu’à la maison. Nb : la chambrière est aussi un appui facultatif glissé sous une charrette lourdement chargée et arrêtée, pour lui conserver son équilibre.
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C’te jeunesse (=cette jeune fille) est ben tournée et affriolante (=plaisante, attirante), dis, mon gars ?
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Penser à la guerre, c’est pas ben affriolant…
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L’hiver c’routin (=petit chemin, sentier) est mortel avec ses r’velins de galerne (=violents coups de vent du nord).
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La vieille est pauvre mais ben propre. A ménage son fêt, a ravaude ses chausses, fait des passis, coud des pièces. A rabille tout son linge. (=elle prend soin de ses vêtements, raccomode ses bas, fait des reprises, répare tout).
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C’pauv’gars, je l’plains ! I prend une femme guère agrolante (=maussade, pas drôle).
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Ben ! en v’là d’l’iau ! T’en fais une patouille ! Tous les gosses aiment patouiller ! (=jouer avec de l’eau).
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Ça gèle d’hors ! L’iau est si frède que j’suis craint peine de m’déboucharder à matin. (=je n’ai pas envie de me débarbouiller, laver la figure, ce matin).
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C’est bon, la pannée (=soupe de pain, panade) ! Faut la laisser mitonner doucement (=cuire très doucement, longtemps) et y mettre un mion d’crème ou d’beurre, mais rin qu’après (=après la cuisson, au moment de servir).
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T’es ben mignon d’veni m’dire bonjour. Mais j’peux pas t’biser (=t’embrasser), t’es trop bouchard. (=trop barbouillé, trop sale).
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I gèle à pierre fendre mais t’auras pas frète à bûcher (=couper du bois, fagoter) au long des haies : a gardent (=protègent) du vent !
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Mets d’la bonne paille dans tes caramboles (=sabot de bois à tige de cuir), et ta camisole de peau d’ouaille (=peau de mouton) sur ton échine (=dos).
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Attention ! la soupe est bouillante ! Faut la prendre domine (=prudemment), p’tit mion par p’tit mion (=par petit peu).
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T’as un balai ? Ben, abats don les iransglées (=toiles d’araignées) d’ton plafond !
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I faut ben qué qu’fois savoir afrioler (=faire un plaisir) les gens quand on a besoin d’eux.
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Te fie pas à c’gars-là : i dit oui, oui, mais i fait rin dutoutt’.
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J’pense pas qu’il a les mains croches (=qu’il soit voleur) mais il a un beau poil dedans (=il est paresseux).
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Quand on est pésan, i vaut mieux être en connivence avec le ciel (=s’adapter au temps) qui dit pas toujou comme nous…
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Al est pas mal tounée. D’mage qu’al a des dents d’cheval. (=de grandes dents qui avancent).
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Faisons don d’même que les autres (=comme tout le monde ). C’est vanqué (=sans doute) mieux.
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Va don quéri la loque à reloqueter. (=chercher la serpillière).
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Ça va-t-i, à nuit ? (=allez -vous bien aujourd’hui ?). Ben dame oui, ça va… Et vous ? Ça va-t-i ben ?
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C’te nuit le vent de galerne (=vent du nord) a tout cassé : même la porte du guernier qu’est tout au pendillet’. (=qui pend et bat).
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Oh ! vin don vouère (=viens donc voir) ! T’as écrabouillé (=écrasé) le p’tit canard sous la roue de la charte (=charrette) !
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Il a mangé tout l’bien (=l’héritage) que son père lui a laissé. Feignant, bon à rin (=fainéant, bon à rien) ! Pourtant i fait core le fier (=il se croit encore supérieur) !
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Ta robe est pas sale , mais tout de même ben savetée (=pas nette).
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Dans ton jardin, t’as 3 belles bouillées d’vinette (=pieds d’oseille). T’aimes don ça ? C’est pourtant ben aviau (=bien acide) !
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Tombe-t-i d’l’iau ? (=y a-t-il de la pluie ?). J’pense ben qu’ça mouille ! Ça tombe même à plein temps (=à verse).
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A va tous les jours panser (=donner des graines) les oiseaux, même que les pesses (=moineaux), a viennent manger dans sa main.
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Son gilet est joli, oui, mais c’est que d’l’acheté (=du tricot machine, acheté), ça va lâcher vite (=se détendre, se déformer).
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Le têt est frèt’ (=l’écurie à cochons est froide). Ce pauv’gorin couine (=le pauvre cochon crie) à longueur de journée.
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I d’meure là (=habite). Sa maison est mitan la mienne (=jouxte la mienne). I fait là-d’dans un rafut, un rabatage (=vacarme)… C’est pas rin d’lavouère pour vouésin !
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J’étions tertous (=nous étions tous) à la noce. J’m’en suis en allée après l’souper, au noir (=à la tombée de la nuit) , mais les gars s’en sont r’venus qu’au matin.
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A r’vouère ! A la r’vouéyure ! (=au revoir !).
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J’aime pas ses manières. A lésine (=calcule comme un avare) su tout c’qu’a donne et a griche (=fait la grimace) su tout c’qu’on y offre.
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C’est pas balayé ça ! I reste tout plein de bourriés. Allez, donne encore un coup et va qu’ri (=chercher) le ramasse-bourriés (=pelle à poussière).
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Les ceusses (=ceux qui) qu’ont d’l’argent i sont toujou les pus forts.
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Ah ben (=en effet).
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Al est mauvaise : a fait que d’rouscailler (=rouspéter, discuter).
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Comme le ciel est éparé ! i va geler c’te nuit.
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As-tu songé à éparer les draps (=se dit d’une surface propre et déployée au grand air) ?
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Chez elle tout est ben d’rang. (=en ordre, bien rangé).
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C’ment tondre un diable qu’a point d’cheveux ? (=comment faire payer quelqu’un qui n’a pas d’argent ?)
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C’est heureux d’l’avouère : c’est une personne agissante (=active), qui sait tout faire, et de bonne sorte (=de bonne compagnie).
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A c’t’heure qu’t’es mariée, ma fille, te v’la sous la nuée (=sous l’autorité du mari avec le risque d’être enceinte).
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Oh ! Ça m’est ben égal… (=exprime indifférence ou refus obstiné).
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Va pas chez elle. Sa chambre sent point à bon.
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C’pauv’vieux a un pan’tot (=paletot, veste) si usé qu’on voit la corde (=la trame) ! Ça va l’mener au frète de la mort (=au froid …au tombeau).
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Al est trop remuante : c’est une vraie brise-qu’a volé (=un courant d’air).
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I fait bon sous l’su (=à l’ombre du sureau) . Mais v’la l’souleil qui s’couche. P’tite fille, va don m’qu’ri ma palanquine (=pélerine légère et chaude). Al est dans la grande tirette du basset (=dans le grand tiroir du bahut bas).
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Non ! J’veux pas chaugrer une heure de temps à t’attendre (=rester là debout).
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J’tousse. C’est pas du rhume, c’est que d’la pituite (=la gorge qui gratte).
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Al est riche, la vieille, mais al est pas glorieuse (=pas fière, pas orgueilleuse) : a rabille ses chausses (=raccomode ses bas) et a rapièce ses camisoles (=chemises).
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Avec le fourniment (=trop d’occupations diverses) qu’al a à c’t’heure (=en ce moment), a va tomber malade.
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Su’l’verglas, il a fait une de ces pétarées (=chutes) ! La tête et les ouinses (=articulations des doigts) des deux mains sont écorchées à vif…
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Songe à donner une goulée (=mélange de fines tranches de betteraves, plus son ou farine) à la vache maigre. Moi, j’vas qu’ri (=je vais chercher) les pommes tutées (=tombées et meurtries) pour les lapins.
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Ce tabouret est dur ! J’ai l’derrière en capilotade… (=ankylosé).
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Ces gens-là, c’est du grand monde : I z’ont d’l’argent à tire larigo ! (=ils ont beaucoup d’argent et en dépensent beaucoup).
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Nous v’là avec une journée de moins à passer en ce bas-monde (=sur terre).
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Elle allumait sa chandelle au noir (=à la tombée de la nuit).
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Avant d’parti, faut qu’tu songes à couvri les braises (=recouvrir de cendres les charbons rouges, pour conserver le feu jusqu’au retour) et à ranger un mion la maison.
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Là le vieux est ben malheureux : i s’sont tertous (=tous sans exception) mis contre lui.
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Ma vouésine, c’est un’femme ben comme i faut (=accomplie). Sa fille s’ra pareille : à 18 ans, al est plaisante et avec ça (=en plus) ben ramassée (=économe) et sérieuse.
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Celle-là qu’arrive de la ville, al a pas b’soin d’faire la fière (=être orgueilleuse). J’savons ben qu’al est pas une vertu (=pas un modèle, pas sans reproche) !
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C’est un ben pauv’gars : tous les autres veulent y en faire accroire (=lui faire croire n’importe quoi).
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Du chou-fleur, d’la salade, tout ça c’est pas un gros manger (=nourriture consistante).
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Si tu passes par cette carrée-là (=courée, coin de village) tu y verra qu’des méchants quégnots (=gamins) sales.
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J’serions ben aise (=heureux) de voir notre fieu (=fils) r’prendre l’goût du pain (=retrouver l’appétit) !
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Encore une poule couasse (=qui couve, donc ne pond pas) ! On va pus avoir d’œufs.
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T’appuie pas comme ça su l’lit ! Tu l’fais tout s’accouasser (=s’aplatir, pencher) dans la v’nelle (=petit espace entre lit et mur).
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Il est malade ben sûr, mais faut pas trop l’apich’liner (=dorloter, materner) : i s’laisserait aller et sortirait pu du lit.
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Pierrot est mignon, mais il est pichelin (=douillet) ! I pieure pour un rin.
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Les 5 doigts : p’tit didi, mal assis, maître doigt, liche-pott’, gros billott’.
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Dame, al est pas belle ! surtout quand a rit : a griche des dents (=elle grince des dents) !...
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Dame, ces deux -là sont point dépensiers. I ménagent (=économisent) sur tout pour point s’trouver un jour dans l’manque.
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Chez ses enfants, il est pas vanqué mieux (=sans doute pas mieux), crois-tu pas ?
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Ces gens-là ont point d’ordre : tout y est en décalé (=en grand désordre).
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Faut pas t’pincer l’bec ni faire ta mijaurée (=crâneuse).
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Comme on rapionne (=rapetisse) en vieillissant ! C’est pas croyable.
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Allez ! au lit , les quégnots (=gamins) ! ou c’est la fessée d’orties…
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Tise (=rapproche les tisons) don l’feu ! Les braises sont en train de mouriner (=s’éteignent doucement) sous la cendre.
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Le feu dans l’hangar ! J’en reste toute ennayée (=assomée, accablée)…
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Fais me don la dictation (=épelle-moi) de c’mot là.
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J’aime pas ceuss qui font des quémand’ries (=réclamations sans arrêt) à tire-larigo.
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Point polie, c’te drôlesse. A fourgonne (=fouille) partout chez moué.
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C’gars-là f’ra rin d’bon dans la vie : i passe son temps en bouineries (=petits bricolage).
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Tu tournes et vires sans arrêt : tu me fais folayer (=étourdir).
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Quand mes enfants viennent, j’leu fait un’ bouqu’ture d’anguilles (=anguilles au vin rouge avec échalotes, pruneaux…).
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C’te drauillère-là, quand al est là à causer, a m’lasse : la langue lui marche comme un vrai traquet (=va-et-vient du moulin à venter).
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Il est mort, tin (=tiens), comme ça, dans l’mitan d’la place (=au beau milieu de sa cuisine) chez lui, vanqué d’un coup d’sang (=congestion).
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J’en sommes tertous (=tous) dans la peine.
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Il est mort d’un coup. Pourtant i pâtissait point (=souffrait).
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Sous l’bois, mets un mion d’bronde (=un peu de brande). I faut un feu ben clair pour grêler (=griller) les marrons. Les vouésins vont v’ni pour la veillée. Faut monter un pichet d’bernache (=vin nouveau, qui vient d’être pressé et qui n’a pas encore fermenté).
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Un canard, c’est long à plumer ! Après les plumes, y a encore tous les sicots (=racine des plumes) et les essilles (=petit duvet, difficile à retirer) à ôter !
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Faut pas être difficile comme ça ! Tu laisses ben trop d’essilles (déchets) au coin d’ton assiette.
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Les cracots, faut les fourbir (=astiquer) à la cendre, si tu veux qu’i brillent. Et les cuivres, c’est du gros sel et du vinaigre qu’i leu faut.
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Quel fourbis (=désordre) icit’.
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Ce p’tit-là est quasiment bêta (=idiot, demeuré). Il a pourtant un’ jolie p’tite goule (=figure) mais rin d’autre.
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C’est un’ vieille rapia, grippe-sous (=avare). A dit : j’vas pas donner d’mon argent à des gars d’rin du tout’ (=bons à rien). Ah non !
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Ah ! l’mousseau a viré (=le tas s’est effondré) ! Tant pis ! Qu’s’aille don (=que ça reste ainsi) !...
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Tu pars, as-tu ben pris tout ton fourniment (=tes bagages) ?
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T’es mal réveillé : t’as l’air d’avoir la véderle (=migraine).
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Les p’tits gars, au lieu d’vous biscailler (=chamailler), allez-don vous amuser dans l’pré à faire la cuplette (=galipettes, roulades dans l’herbe « cul par-dessus tête »).
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C’te pauv’ traîne-savate (=miséreux), c’est pitié de l’vouère !
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Ah ! Ta belle robe est toute faupie (=froissée avec des faux-plis).
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Après la Toussaint, on aime ben aller à la traînasse (=aller braconner avec un filet), à la basse heure (=le soir). Par nuitée sans lune, on a queq’fois 100 à 150 p’tits titis (=oiseaux).
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Comme j’sé toute seule à nuit, à midi j’vas prendre un quignon d’pain avec des grillonnées (=rillettes). C’est bon et ça perd point d’temps.
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J’vas à la vigne faire des javaux (=javelles, petits fagots de sarments de vigne, très bien pour allumer le feu), deuss, trois douzaines vanqué ben, si l’soulé (=soleil) reste clair et le vent point trop
méchant.
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C’reste de vin est plein d’chuchons (=moucherons), bois pas ! ça t’resterait dans l’avalouère (=gorge).
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Mes fleurs qu’étaient si belles ! les v’là toutes crabassées (=aplaties, écrasées, brisées) par l’orage…
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C’est utile d’mettre une dernière couée (=couvée) d’poulets entre les deux Bonnes Dames (=entre les deux fêtes de la Vierge, 15 août et 8 septembre). Ça fait des r’pichons tendres pour manger à Carnaval.
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I z ont d’jà 6 quégnots (=enfants) et v’là un p’tit r’pichon (=un petit dernier) qu’arrive 10 ans après !
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C’coin d’jardin est grouillant de lachets (=vers de terre). Grouille-toi d’aller en qu’ri (=dépêche-toi d’aller en ramasser) avant qu’ils s’enfoncent.
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Faignante (=paresseuse) ! Qué qu’tu fais là à bailler l’bec aux corneilles (=désoeuvrée, rêveuse) ?
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Faut pas secouer si fort le berre (=berceau). Le poupon va virer !
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J’sé tout étourdelie (=je suis tout étourdie), avec toutes ces chandelles qui beillouettent (clignotent) !
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Le soir, en quittant tes caramboles ou tes sabirons (=sabots de bois à tige montante en cuir, pour les champs), t’as qu’à mettre tes sabots d’bois avec de la bonne paille dedans. C’est chaud : pas besoin d’chausses (=chaussettes). Vaut mieux garder not’ laine d’ouailles (=la laine de nos moutons) pour la brocher et faire des cotillons (=tricoter des jupons) aux filles.
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C’est l’6e gamin qu’arrive ! Va pourtant ben fallouère les fourrer tertous dans les deusse, trois lits de la chambre…
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Son frère l’a poussé : il a tombé cul pard’sus tête.
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Quand les gens m’ennuient, j’les envoie berdinguer (=promener)…
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A s’est acheté un beau casaquin (=veste courte et ajustée) qu’a met pard’sus sa taille (=corsage). Avec ça, a va faire la fière (=se pavanner).
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T’es trop p’tit pour plumer (=éplucher) ta pomme avé un couteau.
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T’as trouvé des beaux mureaux (=de belles mûres) !
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D’jà la St Jean ! i fait chaud ! A midi j’étais toute chalante (=accablée de chaleur). J’vas quitter mes chausses (=bas) et mon cotillon de droguet (=jupon d’hiver fait d’un tissu épais et raide tissé de laine et de lin). J’vas prendre mon caraco d’indienne (=corsage de coton).
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En v’nant chez ma vouésine, j’ai apporté mon brochis (=tricot). On a causé en brochant et a m’a prêté ses broches (=aiguilles à tricoter fines en os ou en fer pour les chausses) plus fines.
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Qué qu’t’as fait toute la ressiée (=soirée) ?
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A la brune, ferme ben l’têt’ (=le toit, l’écurie) aux poules, l’têteau aux gorins (=la soue aux cochons) et aussi l’têt’ aux ouailles et aux biques (=moutons et chèvres).
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Le p’tit est las. Prends l’don sur ton échine (=dos) !
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Malade comme il est , j’m’en voudrais (=je me reprocherais) d’pas aller qu’ri (=aller chercher) l’médecin. Ma mère s’en est toujou envoulu après la mort de ma sœur, et l’chagrin l’a menée au cimetière al aussi en un rin d’temps (=en un rien de temps).
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Ah, ça ! C’est une vraie virago (=qui va vite, cause fort, gesticule) !
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C’te pié (=pluie) qui tombe, c’est du pain béni (=bénédiction) pour la terre après l’grand chaud qu’y a eu.
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Sa mère i avait pourtant dit d’rester là près d’son p’tit frère, mais non, al a eu bentôt fait d’s’ensauver (=se sauver) par l’routin du fossé (=sentier, petit chemin creux) pour couri ailleurs ! Tant pire pour al !
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Ça, c’est une sale langue (=mauvaise langue) ! A va d’une carrée (=cour de ferme) dans l’autre papoter sur tertous (=sur tout le monde) et vilepander (ou délipander) (=calomnier) les vouésins.
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Pour causer des affaires, vaut mieux être rin qu’par nous (=être entre nous).
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Al est malade ta p’tite fille : al est tout enchifarnée (=renfrognée, triste mine) et pis al a l’nez tout rimé (=tout bouché, gêné). Sûr al a d’la fièvre, toute chalante (=chaude) qu’al est.
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T’es r’venu : t’as ben fait, parce que d’travailler, j’sé pus en cas (=je n’en suis plus capable).
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Pour l’poupon j’f’rai une pannée (=panade).
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Ma laveuse me prend 30 sous : al est forte et point en peine, mais avec une tapette (=bavarde) !
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Demain j’allons chez l’faiseux (=le fabricant) d’huile : avec 45 livres de noix, j’aurons vanqué 4 burons d’huile (=sans doute 4 cruchons).
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Prends l’seillot (=le seau) et va qu’ri de l’eau. Tu sais ben qu’à nuit (=aujourd’hui) on fait la buée (=la grande lessive).
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Vins don tirer la riblette !... Le petit blé (grains cassés, abimés) sert à nourrir la volaille. On le passe au moulin à venter qu’on tourne à la main. On le ramasse avec une riblette (travail de femmes avec les enfants). On le garde dans des boisseaux (8 à 10 litres) puis dans de grandes paillonnes faites de paille tressée avec de la prêle (osier). Avec la prêle on fait aussi des rondeaux pour sécher les prunes dans le four à pain.
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As-tu ben sassé (=secoué) la cendre ?
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I pieu (=il pleut) toujou . La panne (=très grosse poterie ronde) déborde sous la dalle (=gouttière).
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Avant la batterie (=battage des céréales par environ 25 hommes), songe à goûter la busse (=barrique) et à y mettre un douzit (=robinet, cannette).
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Sûr, les hommes vont travailler jusqu’à la nuitée (=nuit).
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Pour ton poupon, i faut un dabon (=lange de laine ou coton), des drapeaux (=couches), une couverte (=couverture), un bonnet. Pendant 6 mois un bébé reste emmailloté (=serré, enroulé dans ses
langes) !
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Dans c’te maison les quégnots (=petits enfants) sont tous bouchards (=dégoutants). Les bise pas ! La mère est une salope (=sale, sans soin, malpropre).
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V’là core un cabanier (=bohémien, romanichel) ! Toujou des chercheux d’pain (=mendiant)… Hier c’était une grande cabanière qui passait : j’ai peur. J’leu donne vite un sou pour qui s’en aillent.
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Qué don qu’tu rabates (=faire du bruit) comme ça dans la cheminée ? J’tisons (=rapprocher les tisons) l’feu.
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Quand l’père est fâché, faut pas mourmour (=murmurer) comme ça. T’auras une caloute (gifle, une « calotte »).
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A sait point couturer (=coudre). A sait faire qu’des brimborions (=petites choses inutiles) de dentelle.
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Ces savates ont-elles un a-main ? (=y a-t-il un pied droit et un gauche ?).
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T’es cor jeune. Faut point marcher comme ça, à la baissette (penché en avant, courbé).
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C’commis-là a un bon a-main : i s’prend à tout (=habile, il se met à toute sorte de travail).
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A picheline pas ses drôles (=elle ne dorlotte pas ses enfants). I sont dehors par l’frète et l’chaud.
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Les p’tits poulets r’pichons (=nés longtemps après les autres) d’hiver sont ben pus piailloux (=ils piaillent plus) qu’les autres.
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T’en as un fourbis (ou un fourniment) dans ton sac ! Y a d’toutt’ ! (=ensemble d’objets hétéroclites) .
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Sale drôle ! T’as trouvé l’pot d’rais’net (=raisinet, sorte de confiture au vin et raisin) ! T’es tout bouchard (=barbouillé) ! J’vas t’déboucharder la goule (=débarbouiller, laver le visage). Apporte-mé d’leau dans le godet (=instrument pour prendre de l’eau dans un seau et la faire couler par un petit tube). Et pis braille pas ou j’te fous une tape aux fesses (=ne pleure pas ou tu as une fessée).
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Ces gens-là, c’est gueux comme la Hollande (=très pauvres, sans le sou).
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Oublie pas d’ravouiller les pois (=remettre de l’eau aux haricots blancs en cours de cuisson) ! C’est pas bon les pois brûlés.
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Il est à sa cave à ravouiller son vin : dame, faut pas que l’fleuret monte ! (=on met un peu d’eau dans une barrique pleine de vin nouveau pour qu’il n’y ait pas d’air et qu’une moisissure blanche -le fleuret- ne puisse se former).
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Le vieux forgeron à Mme Charles : « Ma pauv’Aline, j’étions malade aussit’. J’ai s’ment pas pu t’vouère et causer un brin… -T’en fais pas, Laurent, quand j’s’rons la-haut (au ciel), j’caus’rons, j’caus’rons… J’aurons tout l’temps… » (ils ont 80 ans passés tous les deux).
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Ça sert à quoué d’aller à toute berzingue ? (=d’aller à toute vitesse).
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Ah, ben, à moins d’ça… (=après tout, pourquoi pas…).
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Te v’là-ti pas à c’t’heure ? C’est ben toué ! Ça alors… Vins don qu’on arrose ça. On va baiser une fillette. (=on va vider une demi-bouteille de vin blanc, 37,5 cl).
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Qu’on qu’a dit ? A dit qu’a va pas marier sa fille au 1er chien coeffé (=au 1er venu). Faudra qu’y ait d’qué (=que le garçon ait du bien, des terres…).
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Des mousseaux (=des monçeaux, des tas) de feuilles.
 
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