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Catéchisme et communions.
Bien sûr, le catéchisme était de rigueur.
Le « petit catéchisme » (je l'ai
encore) pour la petite communion. Le « grand catéchisme »
pour la grande. À savoir par cur bien sûr et
maman ne manquait pas de nous expliquer et de nous faire réciter.
J'ai fait ma première communion à 7 ans, donc j'ai
appris mon « petit catéchisme »,
plus « la grande prière » (Notre
père, Je vous salue Marie, Je crois en Dieu, Je confesse
à Dieu, Commandements de Dieu et de l'Eglise, Actes de
contrition, de foi, d'espérance et de charité) de
6 à 7 ans. Peut-être cependant les « Commandements »
étaient-ils réservés à ceux du grand
catéchisme (?). Quoi qu'il en soit, il n'était
pas question de badiner. Ni Monsieur le Curé ni maman n'étaient
indulgents sur ce chapitre !
Je me rappelle que je préparais très sérieusement
cette première communion à l'aide d'un petit « carnet »
où je marquais quotidiennement efforts, prières
et petits sacrifices. Une retraite de 3 jours juste avant le jour
J mettait le point d'orgue à la préparation. Confession
scrupuleuse « combien de fois ?? »
Répétition pour la communion : attention à
avaler l'hostie d'un coup, sans que les dents y touchent, ni bien
sûr un doigt si elle collait au palais, et... sans s'étrangler
! Bref tout se passa bien : couronne de communiante,
jolie robe blanche toute simple. En fait, la fête de cette
première communion fut intime et sans faste, de même
que la confirmation que je reçus dans la foulée,
trop jeune assurément pour en mesurer la portée.
Plus que de Monseigneur et de son « soufflet »,
je me souviens des oiseaux qui ornaient le chapeau de la Marquise
de Contades, notre commune « marraine de confirmation » !!
Événement plus marquant : ma communion solennelle.
J'héritai évidemment de la robe de mousseline qui
avait servi à Anne, de son voile aussi, mais maman avait
tenu à ce que nous ayions une coiffure personnelle :
Anne, un béguin de tulle sous le voile, moi une couronne
par-dessus. De même pour « l'aumônière »,
petit sac de mousseline attaché à la ceinture. Les
garçons, eux, avaient des « costumes »
souvent foncés, et autour du bras gauche, un brassard de
soie blanche brodé d'un lys ou d'un calice, avec des franges.
Il fallait encore prévoir le cierge. Et là aussi,
hélas ! comme aux enterrements, il y avait des « classes » :
maigre cierge uni, cierge uni plus gros à poignée
argentée et gros cierge orné de fioritures en cire
avec une « poignée » dorée...
Maman sen tenait sagement au cierge moyen, nous expliquant
qu'il ne faut jamais se faire remarquer.
Même scénario que pour la « petite communion »,
même préparation, même retraite, même
demande d'efforts appropriés à l'âge, mêmes
« résolutions » à prendre
et à écrire sur son « carnet ».
C'était sérieux. S'ajoutaient la répétition,
à l'église, de la « Consécration
a la Sainte Vierge » qui aurait lieu aux vêpres,
et celle de la promesse solennelle à faire sur les fonts
baptismaux en étendant la main : « Je
renonce à Satan, à ses pompes et à ses uvres,
et je m'attache à Jésus-Christ pour toujours ».
Heureusement on nous avait expliqué « les pompes
et les uvres » de Satan !...
Je n'avais que 10 ans mais c'est en toute sincérité
que je promis de tourner le dos au diable et de m'attacher à
Jésus-Christ pour toujours...
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Ce jour-là était grande fête pour le communiant,
à la maison autant qu'à l'église.
De tels jours, maman voulait être vraiment disponible. Aussi
bien, longtemps à l'avance, s'assurait elle le concours
d'une cuisinière, toujours la même : Marie
Boivin. Cette dame s'organisait mieux que maman avec la « cuisinière
à bois », arrivée dans un coin de la
cuisine justement pour la communion d'Anne. Sans robinet, elle
se débrouillait avec les moyens du bord, aidée par
Andrée.
Maman m'avait consultée pour prévoir le menu, tout
ce que j'aimais (je ne me rappelle plus quoi
) Elle était
allée la veille à Saumur pour acheter tout le nécessaire,
des choses exceptionnelles !... Elle avait rapporté
les « menus », imprimés en même
temps que les « images de communion » !...
Déjà le couvert était soigneusement mis dans
la salle à manger : le service de porcelaine à
fleurs bleues reçu à son mariage (elle préférait
le « Limoges » à fleurs roses de
sa mère mais il n'y aurait pas eu assez d'assiettes), les
verres fins, l'argenterie dûment astiquée, nappes
et serviettes blanches brodées, fleurs blanches dans les
vases... Tout était parfait. Porte fermée à
clé, la salle à manger attendait...
Quels invités ? Grand-père avant tout, mon
parrain et ses parents, ma marraine et les siens, Tonton et Tante
de Saumur, Tante Marraine et l'oncle Amand. Plus nous 5 !
C'était vraiment la fête !... Avant de se mettre
à table, quelques photos (maman avait acheté une
petite « boite Kodak » pour la communion
d'Anne). C'était prudent, car la sonnerie des vêpres
arriverait toujours trop tôt. Tout le monde passe au « lave-mains »
dehors, et puis on s'installe... pour bien se régaler.
Les grandes serviettes blanches sétalent sur les
genoux, ou s'accrochent aux cols, (car les tissus ne se lavaient
pas comme aujourd'hui ! Une tache était un truc bien
ennuyeux ... !) J'avais gardé ma longue robe
de mousseline, promettant de faire très attention. Et puis,
patatras, en me servant la sauce du rôti, je fais tomber
la cuillère grasse sur mon aumônière !
Ô rage ! Ô désespoir ! J'irai aux
vêpres sans aumônière !!
Au dessert, une belle pièce montée (classique ! comme : langoustines, foie gras, soles, ris de veau, filet de buf etc !... Avec au faîte l'inévitable mini-communiante. Une excellente bouteille de vin doux, du Layon, une des « bouteilles de maman » qui dorment sous la chambre. Je reçois les traditionnels cadeaux : le beau missel comme celui d'Anne, offert par Tante de Saumur, le très joli chapelet en argent offert par mon parrain, le crucifix, cadeau de Tante Jaunault, et je crois que ma marraine avait payé mon cierge. Pas de cadeaux profanes, ce nest pas le jour. (Si ! grand-père nous offrait notre première montre et c'était alors un très beau cadeau destiné à durer des années et des années !) Maman ne nous offre ni bijou ni rien : elle envoie de notre part à un missionnaire d'Afrique une petite « mallette » contenant petit calice, petit ciboire et patène, pour dire la messe en brousse. Bien sûr elle avait acquis notre consentement... Sainte maman ! C'était le dimanche de la Trinité 1935.
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