Les photographes de mariages.
Dur métier que celui de photographe de groupes de mariages. Et stressant ! On n'a pas droit à l'erreur ! Le mariage est un évènement unique. Si la photo est ratée on ne peut pas recommencer. Le matériel n'était pas aussi léger qu'aujourd'hui. Il fallait un véhicule. Pour la chambre photographique (l'appareil photo de l'illustration ci-dessus) il n'y avait pas de pellicule en rouleau, mais un négatif, appelé plaque, qui ne servait que pour une seule photo à la fois. Les négatifs vierges (plaques de verre ou de celluloïd) arrivaient chez le photographe dans des boites en carton étanches à la lumière. Le moindre trou ou accroc produisait une photo voilée. Chez le photographe, dans une chambre noire, il fallait ensuite mettre la plaque dans un chassis, lui aussi étanche à la lumière. Il fallait mettre la plaque dans le bon sens dans le chassis. Une encoche sur la tranche permettait de répérer le sens dans le noir. Je passe sur les étapes techniques du chargement de la chambre photographique. Il fallait ensuite faire la mise au point sur un verre dépoli, la tête sous un tissu noir. Ce n'était pas facile si le groupe était important et qu'il fallait photographier de loin. Sur le verre dépoli l'image apparaissait à l'envers, mais le photographe était habitué. L'objectif n'était pas bien lumineux et le négatif peu sensible. Par conséquent la vitesse de prise de vue était plutôt lente, souvent de l'ordre de 1/15e de seconde. Il fallait que les gens du mariage soient parfaitement immobiles et il fallait aussi se méfier des vibrations de l'appareil s'il y avait du vent. Les photographes professionnels expérimentés s'en sortaient bien, mais on déplore quand même quelques flous désolants. Le développement du négatif en laboratoire comportait aussi quelques risques de ratage.
Illustrations extraites d'un catalogue.
Glossaire pour comprendre les détails techniques de ces deux chambres photographiques :
1913 :
- Plaque 18x24 cm. Avantage : le tirage sur papier photo se faisait par contact : le négatif était posé directement sur le papier photo sans passer par l'objectif d'un agrandisseur. Cela explique l'extraordinaire qualité de certaines photos que l'on peut aujourd'hui scanner sans aucune perte de détail.
- Chassis double. Dans ce type de chassis on peut mettre deux plaques, une recto et une verso.
- Anastigmat. Objectif corrigeant les aberrations optiques.
C'est la molette à gauche sur le rail du soufflet qui permet la mise au point. Pas facile à faire quand le groupe est important (plus de 100 personnes par exemple) et que les personnages sur le verre dépoli sont minuscules.
1934 :
- Plaque 13x18 cm. On peut faire des tirages contact pour des portraits, des couples et de petits groupes. En revanche pour un groupe de mariage (de 60 personnes par exemple) il fallait un agrandisseur pour faire un tirage papier de 18x24 cm ou plus.
- Objectif F 6,8. C'est un objectif à diaphragme fixe qui donne une profondeur de champ correcte. La seule façon de régler l'apport de lumière sur le négatif reste la vitesse de prise de vue, qui par temps sombre est forcément lente. Quant à la sensibilité du négatif, en 1934, il est mentionné trois catégories : "instantané", "ultra-rapide" et "super-rapide". La norme ASA de la sensibilité d'un négatif n'était pas encore connue.
Les photographes de la collection des 148 photos sont :
INCONNU : 71. Soit environ la moitié. Ce sont des photos dont la pochette du photographe n'a pas été gardée. Il y a aussi des pochettes où le nom du photographe ne figure pas.
A. PERRAY, DOUE-LA-FONTAINE : 1 A. THIEULIN, ANGERS : 1 ANTOINE, DOUE-LA-FONTAINE : 2 AUGER-LOUIS, DOUE-LA-FONTAINE : 3 AUGER-RICHARD, DOUE-LA-FONTAINE : 5 BOUTREUX-MOREAU, VIHIERS : 2 C. ROMAIN, ANGERS : 1 DELETRE, ANGERS : 2 G. SOUCHAY, DOUE-LA-FONTAINE : 11 GAUVIN, DOUE-LA-FONTAINE : 3 J. BURGEVIN, DOUE-LA-FONTAINE : 1 J. GODICHAUX ,DOUE-LA-FONTAINE : 17 L. FERRAND, DOUE-LA-FONTAINE : 16 LAURIOUX, ANGERS : 1 MAURICE COMPOINT, DOUE-LA-FONTAINE : 4 R. CORDON, BRISSAC : 1 R. GUERIN, DOUE-LA-FONTAINE : 2 R. GUILLOTON, LONGUE : 1 S. DUPITIER, SAUMUR : 2 T. RICHARD, DOUE-LA-FONTAINE : 1
Parmi ces photographes, deux étaient à la fois horloger, bijoutier et photographe : DELETRE "Au Croissant d'Or" 16 rue Lenepveu à Angers, et R. GUILLOTON à Longué. On suppose que ces magasins s'occupaient à la fois des bagues et des photos. Ils sous-traitaient peut-être la partie photo. Il y a aussi un point commun entre l'horlogerie et la photographie : une montre et un obturateur sont de la mécanique de précision.
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