L'histoire du curé Joseph HERBERT.
Pendant la révolution, que ce soit à Louresse ou à
Rochemenier, le clergé est divisé. En 1791 le gouvernement révolutionnaire
demande aux prêtres de prêter serment à la constitution et ainsi de dépendre
de l'Etat. Certains acceptent, mais d'autres refusent en arguant que le
clergé dépend du Vatican et non de l'Etat français. Joseph HERBERT, qui
était curé de Louresse depuis 1770, refuse de signer. Il devient ainsi curé réfractaire et
doit s'expatrier. Il est aussitôt remplacé par le curé constitutionnel
Pierre MARQUIS, qui suscite la méfiance des fidèles. La paix religieuse
revient avec le Concordat de 1801 entre Bonaparte et le Pape Pie VII.
Célestin PORT retrouve la trace de Joseph HERBERT après le Concordat comme
chanoine de Saint Maurice (la cathédrale d'Angers ?).
L'histoire du curé HERBERT est relatée dans le livre de Emile BRETON (voir
la page d'accueil de ce site web). On peut accéder directement au chapitre
concerné en cliquant sur :
Herbert1 Herbert2
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De son côté, la fille de Emile BRETON, Madeleine RAIMBAULT, a également fait des recherches sur le curé HERBERT. Elle a rédigé le résumé ci-après basé sur le cahier des délibérations du Conseil municipal, appelé alors "Conseil général de la commune". Voici ce qu'elle a écrit :
Évoquons une page d'histoire
(cf. le registre municipal de 1791), pendant la révolution, en 1791.
Louresse (sans Rochemenier) compte alors 461 habitants.Le 27 novembre 1790, l'Assemblée nationale a
fait signer à Louis XVI la Constitution Civile du Clergé, qui tend à séparer
les prêtres et évêques de Rome, en les nommant directement et en les
obligeant à prêter serment à la Révolution. Certains acceptent : ils sont
dits assermentés. D'autres refusent par fidélité au Pape : ce sont les
prêtres réfractaires.Le 19 janvier 1791, le « Conseil général » de la
commune de Louresse publie et affiche ce décret à la porte de l'église. Et
le 30 janvier, le maire et les officiers municipaux se transportent chez le
Sieur Joseph Herbert, curé de Louresse, pour lui donner lecture du décret.
Le curé Herbert leur dit qu'ils n'ont pas à se présenter chez lui, qu'il se
moque de l'Assemblée nationale, que tout cela partira en fumée, et qu'il ne
prêtera pas serment. Le maire et les officiers municipaux, entendant ces
mauvais propos et inconduite du Sieur Herbert, lui notifient que ce refus de
serment équivaut à une démission de ses fonctions. Le curé Herbert cabale,
tente de dresser ses paroissiens contre la municipalité, les menaçant de
leur refuser « les Pâques ». Finalement, obligé de capituler, il doit
remettre à la municipalité :
- Les registres d'état civil (baptêmes, mariages, enterrements) que détenait jusqu'alors le clergé.
- Et toutes les clés : la clé de la grande porte de l'église, celle du coffre de la fabrique, la clé du tronc des trépassés, celle du tronc des réparations et celle du clocher.
Et Joseph Herbert, renonçant aux revenus substantiels de la cure de Louresse, rejoint sans doute les prêtres réfractaires qui se terrent et disent leurs messes en cachette, dans les caves et les bois, au risque d'être guillotinés, comme le fut Noël Pineau.Le 5 mars 1791, les électeurs du district de Saumur nomment, à la place du curé Herbert, le Sieur Pierre Marquis, de Villebernier, nomination approuvée par l'évêque de Maine-et-Loire, Hugues Pelletier, lui-même assermenté. Pierre Marquis est installé et prête serment le 27 mars. Maire, officiers municipaux et notables de la paroisse de Louresse se réunissent dans l'église, « au-devant de l'autel, où, en présence du peuple et du clergé assemblés pour assister à la célébration de la messe paroissiale, ils donnent lecture à haute voix du procès-verbal de l'élection et de la proclamation du Sieur Pierre Marquis, ainsi que des lettres d'institution et du visa de l'évêque. »Ensuite, ils reçoivent de Pierre Marquis son serment solennel par lequel, la main levée, il prononce et jure hautement « de veiller avec soin sur les fidèles de la paroisse qui lui est confiée, d'être fidèle à la Nation, à la Loi et au Roi, et de maintenir de tout son pouvoir la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale et sanctionnée par le Roi ». Le serment ainsi prononcé d'une manière claire et intelligible, la messe paroissiale est célébrée par le Sieur Pierre Marquis, curé assermenté de Louresse.Mais tous les Louressois ne sont pas d'accord. Certains se rebellent. Des plaintes sont portées au « Conseil général » de la commune contre différents citoyens de Louresse qui se permettent des propos inconsidérés et grossiers contre les décrets de l'Assemblée nationale… en disant qu’elle n’avait pas le droit de démettre le Sieur Joseph Herbert de ses fonctions, que celui qui l'a remplacé est un parjure pour avoir fait serment d'être fidèle à la Nation, à la Loi et au Roi, et que sa messe n’est rien, qu'il ne faut point y aller ni se confesser à lui et qu'il n'a pas le droit d'administrer les sacrements. Ils demandent aux citoyens de se coaliser en la chapelle de Launay pour être à la messe d'un bon prêtre.Défense absolue est faite alors par la municipalité, (confirmée par le district de Saumur), aux héritiers Le Bel de la Jaillière, propriétaires de la terre de Launay, de faire dire ni célébrer la messe en leur chapelle sous quelque prétexte que ce soit.Ainsi se pose un grave cas de conscience aux chrétiens de Louresse, nos lointains grands-parents, en mars 1791.Maire de cette première municipalité : Gouin de la Terraudière. Parmi les officiers municipaux : Hettreau, Mauriceau, André et Louis Courjaret… tous nos grands-pères appelés notables, choisis comme scrutateurs aux élections etc… Bientôt André Courjaret deviendra maire de Louresse, après René Hettreau…. Après Louis Mauriceau, tous successivement.