HISTOIRE DES CINQ FRÈRES BRIAND, POILUS.
Le père de famille Louis Joseph BRIAND est né le 27 Avril 1858 à Concourson-sur-Layon. Il arrive au service militaire en septembre 1879 et est réformé en août 1880, mais sa fiche matricule n'est pas très explicite. Il devient cultivateur et se marie le 21 Novembre 1881 aux Verchers-sur-Layon avec Arsène Jeanne GASCHET, cultivatrice elle aussi. Les cinq premiers enfants naissent à Concourson : Louis en 1883, Arsène en 1884, Virginie en 1885, Marie en 1887 et Emile en 1888, Puis la famille déménage à Brigné-sur-Layon où naissent trois autres enfants : Louise en 1890, Henri en 1892 et Maurice en 1894. A Brigné les BRIAND sont fermiers au château de Maurepart. Vers 1900 la famille s'installe à Louresse-Rochemenier dans la ferme de Villevert qui appartient au Marquis de Contades, lequel habite au château de Launay tout proche. A partir de la déclaration de guerre du 3 Août 1914 les cinq frères BRIAND sont tous mobilisés. Sur le front ils se comportent brillamment. Cest une des fratries les plus décorées de la commune.
Louis Arsène BRIAND (surnommé
« Petite vapeur »)
Il est laîné de la fratrie. né le 12/02/1883
à Concourson. Il semble avoir une santé fragile
car son service militaire est ajourné pour faiblesse en
1904 et 1905. Il finit par être incorporé le 7 Octobre
1906 dans les Services Auxiliaires, cest-à-dire employé
à des activités moins physiques. En effet Louis
souffre des séquelles dune luxation sacro-iliaque.
Il passe dans la réserve le 1er Octobre 1907. Il exerce
alors le métier de cultivateur. Il se marie avec Yvonne
COIFFARD le 13 Mai 1914 à Louresse. Le 10 Novembre 1914,
trois mois après la déclaration de guerre, il passe
devant la commission de réforme d'Angers qui le juge bon
pour le service. Il intègre son régiment le 17 décembre
1914 et se retrouve au front le 24 Juin 1915. Il est évacué
malade le 9 février 1917 et revient dans son unité
le 17 Mars 1917. Il est à nouveau évacué
malade le 8 Juin 1918 et revient dans son unité le 7 Juillet
1918. A Sissonne (Aisne), le 20 Octobre 1918, il est évacué
gazé. Larmistice du 11 Novembre 1918 ne signifie
pas pour autant la fin de sa période militaire puisquil
doit rejoindre son régiment le 24 Novembre 1918. Il est
enfin démobilisé le 23 Février 1919.
Sa constitution fragile ne la pas empêché dêtre
valeureux sur le front, comme lindique la citation n°73
du 10 Août 1917 à lordre de la brigade
: « Le 19 juillet 1917 a fait preuve de sang-froid
en restant à son poste et tiré sur tout ennemi qui
levait la tête hors de la tranchée, malgré
lextrême violence des bombardements ».
Décoration : Croix de Guerre avec étoile de
bronze.
Il habite ensuite à Douces, et décède le
5 Mars 1942 à Doué-la-Fontaine à l'âge
de 59 ans.
Arsène Henri BRIAND
Il est né le 8/02/1884 à Concourson. Il arrive au
service militaire le 10 Octobre 1905. Il est nommé Caporal
le 18 septembre 1906. De retour dans la vie civile il devient
cultivateur et est mentionné comme habitant de la ferme
de Villevert à Louresse-Rochemenier en 1907. Mais larmée
ne loublie pas puisquil doit faire des périodes
dentraînement : un mois en 1910 et un mois en
1912. Son mariage avec Marie Thérèse PAPIN est prévu
pour le 8 Août 1914. Tout est prêt. Mais le lugubre
tocsin sonne le 2 août. Cest la mobilisation générale !
Il faut tout annuler ! Arsène part le 4 Août
1914 au 77e Régiment dInfanterie de Cholet et est
envoyé presque aussitôt au front le 11 Août.
Il a les pieds gelés le 9 Janvier 1917 à Verdun
(Meuse) et est évacué à lhôpital
dEpinal. Il revient dans son unité le 14 Mars 1917.
Il est gazé le 19 Octobre 1918 à Sissonne (Aisne)
et transporté à lhôpital de (Tours ?).
Son frère Louis sera gazé le lendemain au même
endroit. Larmistice du 11 Novembre 1918 ne signifie pas
pour lui la fin de la vie militaire puisquil doit réintégrer
son unité le 24 Novembre 1918. Il est enfin démobilisé
le 10 Mars 1919. Il se marie avec Marie Thérèse
PAPIN le 26 Avril 1919 à Louresse... cinq ans après
la date initialement prévue !
Comme ses frères il sest fait remarquer par sa bravoure
au front. Citation à lordre de la Division n°23
du 15 Novembre 1918 : "Gradé énergique
et courageux. Au front depuis le début de la campagne.
Il sest particulièrement distingué pendant
les attaques du 30 Septembre au 20 Octobre 1918. Décoration :
Croix de Guerre avec une étoile de bronze".
Il habite ensuite à Louresse-Rochemenier et y décède
le 12 Janvier 1958 à lâge de 73 ans.
Emile Henri BRIAND (surnommé « Socio »)
Il est né le 17 Décembre 1888 à Concourson.
Il arrive au service militaire le 6 Octobre 1909 et est libéré
le 24 Septembre 1911. Son métier ? Comme ses frères :
cultivateur ! Il se marie le 10 Septembre 1912 avec Marie
Joséphine BRIAND à Concourson. Ils sont lointains
cousins. Il doit quitter sa famille pour partir à la guerre
le 3 Août 1914 avec le 135e Régiment dInfanterie
dAngers. Il est évacué malade le 6 Mai 1915
et rejoint son unité le 27 Mai 1915. Il est à nouveau
évacué malade le 12 Février 1916 et rejoint
son unité le 3 Mars 1916. Il est gazé par gaz ypérite
et frappé de conjonctivite le 21 Août 1918 dans lAisne.
Il est enfin démobilisé 27 Mars 1919, quelques mois
après larmistice.
Sa bravoure au front a été remarquée. Citation
à lordre du Régiment n°360 du 24 Décembre
1917 : "Au front depuis le début de la campagne
a toujours fait consciencieusement son devoir, notamment pendant
les journées du 17 Juillet et 20 Août 1917".
Décoration : Croix de Guerre.
Il est mentionné comme habitant à Villevert/Louresse-Rochemenier
en 1923, puis à Saint-Georges-sur-Layon en 1935.
Henri BRIAND
Il est né le 2 Mars 1892 à Brigné. Il devient
cultivateur. Sa fiche matricule est peu détaillée.
La guerre commence pendant son service militaire où il
arrive le 9 Octobre 1913. La guerre est déclarée
le 3 Août 1914 et comme il est déjà sous les
drapeaux, il part immédiatement au front. Le début
de la guerre est catastrophique pour les Français, mal
équipés, mal commandés et mal vêtus
(pantalon rouge, pas de casque). Très tôt, le 22
Août 1914 il est blessé et fait prisonnier à
Fillières (Meurthe-et-Moselle), à 10 km du Luxembourg.
Il est interné à Zweibrücken (80 km au nord
de Strasbourg). Il est rapatrié en tant que grand blessé
le 22 Juillet 1915 à lhôpital mixte de Poitiers
pour amputation du bras droit. Il décède le 13 Septembre
1915, à l'âge de 23 ans, à lhôpital
mixte dAngers des suites de ses blessures. Il y a un acte
de décès dans l'état-civil de la mairie de
Louresse-Rochemenier, mais nous ne savons pas à ce jour
où a été enterré le défunt.
Un secours de 150 francs est accordé le 4 Août 1916
à son père Louis BRIAND.
Décorations posthumes : Médaille Militaire
par ordre n°2121D du 24 Novembre 1915 du Général
Commandant en chef, et Croix de Guerre avec palmes.
Maurice Georges BRIAND (surnommé
« le Merveilleux »)
Il est le plus jeune de la fratrie, né le 3 Décembre
1894 à Brigné. Il est aussi celui qui a le parcours
militaire le plus extraordinaire. Le 8 Septembre 1914 il est incorporé
au 114e Régiment dInfanterie de Parthenay, alors
que la guerre était déjà déclarée
depuis le 3 Août. Ce soldat na donc pas fait de véritable
service militaire. Il entre en guerre directement. Après
une période dentraînement, il monte au front
le 22 Novembre 1914. Il est évacué malade 10 janvier
1915 pour embarras gastrique simple, et réintègre
son unité le 22 Février 1915. Il participe à
plusieurs batailles. Il se fait particulièrement remarquer
à la bataille de Verdun où il est volontaire pour
être observateur dartillerie depuis un ballon captif.
De tels ballons, surnommés « saucisses »
par les soldats, sont nombreux sur le front. Ils montent en altitude
et sont maintenus par un long cable. Lobservateur, grâce
à un téléphone de campagne, indique depuis
sa nacelle les coordonnées de tir aux artilleurs des batteries
à longue portée. En effet, ceux-ci, au ras du sol,
ne voient pas correctement leur cible. Bien entendu, les ennemis
sacharnent sur ces ballons captifs, par exemple grâce
à de fréquentes attaques aériennes. Quand
un ballon est touché, lobservateur, sil a survécu,
peut sauter en parachute. Mais là encore, le risque est
bien grand. Maurice BRIAND, qui parfois reste plusieurs jours
dans sa nacelle, observe le fort de Douaumont. Le 23 Octobre 1916,
il voit, médusé, le fort « sauter comme
un bouchon de champagne ». En effet, un obus français
de gros calibre a percé la voûte et explose dans
une soute à munition allemande. Le lendemain, linfanterie
française conquiert le fort.
Et la guerre continue pour le soldat BRIAND, jusquau 11
juin 1918 à Méry-Belloy (Oise) où un éclat
dobus sectionne son avant-bras droit.
Après la guerre il reprend son métier
de cultivateur. Il se marie avec Eugénie BEAUMONT le 17
Septembre 1921 à Montfort. Malgré son handicap,
et à force de travail et dingéniosité,
et aussi grâce à une prothèse efficace, il
exploite avec succès une ferme de polyculture. Le couple
aura quatre enfants. Il décède en décembre
1982 à lâge de 88 ans et est enterré
à Montfort.
Un livre passionnant sur la vie de Maurice BRIAND a été
écrit par son fils Charles BRIAND : « Le
Duc et le Manchot ».
Citations : cité à lordre du Régiment
n°116 de 8 décembre 1916 : « Soldat
courageux et dévoué, sest particulièrement
distingué dans les journées du 20 au 24 Octobre
1916 en assurant nuit et jour son service dobservateur malgré
les bombardements les plus violents ».
Cité à lordre du Régiment n°54
du 9 juillet 1918 : « Excellent soldat signaleur,
sest toujours acquitté de ses fonctions avec le dévouement
le plus absolu et le plus parfait mépris du danger. A fait
preuve de courage et dénergie en assurant la liaison
dans des conditions difficiles et extrêmement périlleuses.
A été grièvement blessé à son
poste de combat. Amputation de lavant-bras droit».
Décorations : Médaille militaire. Croix de
guerre avec palme. Promu au grade de CHEVALIER DE LA LEGION DHONNEUR
par décret du 4 Avril 1952.
La France est reconnaissante envers les cinq frères BRIAND.